Publiziert am 2. November 2018 von République Géniale

When (a) Cold Mountain meets Robert Filliou in Bern in 2018

Un collectif, des co-régisseurs disruptifs et d’autres éléments pour «L’immortelle mort du monde»
par Noël De Buck

J’ai eu l’honneur et le bonheur d’être témoin de deux interprétations de la performance de la même pièce «L’immortelle mort du monde» de Robert Filliou au Kunstmuseum à Bern, dans le cadre de La République Géniale pendant les journées de la réunion annuelle de IKG*.

 

Robert Filliou, «L’Immortelle Mort due Monde», Aufführung n°2

Robert Filliou, «L’Immortelle Mort due Monde», Aufführung n°2

 

Est-ce que le bonheur de voir deux interprétations avec un intervalle de quinze heures (!!!) de la même pièce la rend plus intéressante? Oui, absolument!

D’abord parce qu’on se rend compte de la complexité du cadre proposé par Robert Filliou.

Ce cadre semble très strict et pourtant il n’est jamais rigide. Au contraire, les paramètres, les règles du jeu (oui, c’est un jeu que propose Robert Filliou), ouvrent des perspectives pour plus de lucidité et d’absurdité, une qualité Dada et Fluxus, que je n’aurais pas pu imaginer en lisant les instructions de la pièce.

Les instructions exigent une énorme audace pour aborder la performance, comme une action qui obligatoirement se produit dans l’instant même, à grande vitesse. Une improvisation permanente mais portée simultanément  par une logique mathématique, un calcul, exigés pour maîtriser les règles du jeu. Celles-ci  décident entre autres du texte dit par les artistes qui varie en fonction du personnage à coté de soi.

 

Robert Filliou, «L’Immortelle Mort due Monde», Aufführung n°2

Robert Filliou, «L’Immortelle Mort due Monde», Aufführung n°2

 

De plus, des cartes avec de simples débuts de phrases conditionnent, pour la commenter, la proposition donnée qui est en jeu; les couleurs portées par les acteurs indiquent leurs caractères; les indices musicaux, les dés jetés et les billets de dollars tirés au sort illustrent le hasard. Ces éléments sont tous des co-régisseurs disruptifs autant que les acteurs, dans l’esprit de Robert Filliou. Néanmoins «un coup de dés jamais n’abolira le hasard» (Stéphane Mallarmé).

C’est surprenant, mais on n’a jamais l’impression que les acteurs sont en train de calculer; par contre, le déroulement du jeu des mots qui jaillissent du rythme du (non)texte, plein de contradictions, par la manière de confronter chaque boutade à son contraire et nuançant toute ‹vérité› replacée entre deux extrêmes,  relativise les propositions, par l’absurde et la non-validité, cela jusqu’au bout.

Est-ce qu’il faut savoir tout ça pour «comprendre» la pièce ?

Non, mais cela donne accès à l’originalité du concept, la liberté et la réinvention permanentes qu’exigent les instructions proposées par Robert Filliou.

Est-ce que le bonheur de voir deux interprétations de la même pièce rend le concept et la pièce plus intéressante? Oui, absolument! J’ai vu deux représentations complètement différentes, mais vraiment autres, tout en respectant néanmoins les paramètres donnés par l’auteur. La pièce s’auto-développe en jouant, sans perspective, mais dans un respect total de la liberté et du hasard de la réinvention, de la recréation. Comment une rigidité peut-elle ouvrir à une liberté quasi totale, dans la manière de jouer et dans le déroulement d’un texte quasi non-existant. Démontrant que les contradictions apparentes au sein de la structure et du protocole et une élaboration performative ne s’excluent pas, mais au contraire  se rencontrent. Cela montre le génie et la générosité de Robert Filliou, mais encore le hasard dans la vie, le monde… en employant des mots simples pour dire de grandes choses.

 

Robert Filliou, «L’Immortelle Mort due Monde», Aufführung n°2

Robert Filliou, «L’Immortelle Mort due Monde», Aufführung n°2

 

Le groupe ajoute quelques chose, c’est une équipe internationale, et c’est donc une performance multi-linguistique, sous la coordination de Valentine Verhaeghe… et toute cette équipe est formée ad hoc,  ce qui renforce une universalité charmante et constructive qui fait souvent rire ou au moins sourire par la qualité du jeu – le plaisir de jouer, des jeux avec les mots, des actions là où les mots  ne pourraient rien ajouter et le bonheur d’en être un témoin privilégié.

Performance au Kunstmuseum Bern avec Guillaume André, Michel Collet, André Éric Létourneau, Stanislas Pili, Klara Schilliger, Alicia Velàzquez, Valentine Verhaeghe, Michaela Wendt, Miao Shuye Zhao. Octobre 2018. Par le Collectif Montagne Froide : https://www.montagnefroide.org/

* IKG : Internationales Künstler Gremium – International Artists Forum. www.ikg-art.org

Am Samstag, 10. November findet die letzte Aufführung von «L’Immortelle Mort du Monde» statt.

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République Géniale

Anhand dieser Blogartikel, Interviews und Videos von und mit den Beteiligten wird fortlaufend dokumentiert und reflektiert, was in der «République Géniale» stattfindet.

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